MARCIAL

(Medieval and Renaissant Citizenship and Individuality, Arts and Literature)

Autobiographies et environnement urbain

Si les monographies des villes médiévales et renaissantes ont jusqu’alors permis de reconstituer le cadre et les modalités de vie urbains, il reste encore beaucoup à faire pour cerner le rôle que ces villes ont pu jouer dans l’individuation : « La forme d’une ville change plus vite, on le sait, que le cœur d’un mortel. Mais (…) il arrive aussi, il arrive plus d’une fois que, ce cœur, elle l’ait changé à sa manière, rien qu’en le soumettant tout neuf encore à son climat et à son paysage, en imposant à ses perspectives intimes comme à ses songeries le canevas de ses rues, de ses boulevards et de ses parcs » (Julien Gracq, La forme d’une ville, Paris, José Corti,1985, p.1)

Le projet MARCIAL vise à montrer l’influence réciproque que la ville et l’individu exercent l’un sur l’autre. En s’appropriant l’espace, en lui imprimant sa marque, en le configurant selon ses choix, l’individu est acteur de la ville ; inversement, l’espace urbain exerce une action déterminante sur la construction identitaire, sur les façons d’être et de penser. Ces observations sous-tendent nombre de travaux portant sur la période contemporaine (dont l’UMR CITERES à Tours) mais qu’en est-il au Moyen Âge et à la Renaissance, périodes de forte urbanisation et d’expansion humaniste ? Marqués par le cosmopolitisme issu d’une mobilité croissante, et parfois par la coexistence inter-confessionnelle, les grands centres urbains s’offrent comme des carrefours où l’individu doit composer avec l’altérité.

À chaque ville, son profil : une cartographie à l’échelle européenne (France, Italie, Espagne, Allemagne et Pays-Bas), établie suivant un axe Nord/Sud, sélectionnera un échantillon de villes en fonction de la classe dominante qui leur a imposé une identité (bourgeoise, intellectuelle, etc). Mais l’étude socio-spatialisée, loin de se limiter aux élites urbaines__1__ , étendra son champ d’investigation aux autres « états » sociaux qui, à un niveau plus modeste, évoluent dans l’environnement urbain.

L’objectif est de montrer l’influence réciproque que la ville et l’individu ont pu exercer l’un sur l’autre en des temps marqués par l’urbanisme et l’humanisme : la période qui s’étend du XIIIe au XVIe siècle offre un terrain d’étude privilégié pour cerner ce double processus, qui touche aux questions patrimoniales et environnementales.

La recherche historique a privilégié les études prosopographiques__2__ , mettant en lumière les groupes qui incarnent le pouvoir et le savoir en ville. Le présent projet a l’ambition de dresser une typologie plus individuée, favorisant, parmi ses sources, celles qui mettent en lumière l’autoreprésentation et l’autopromotion afin de montrer comment la ville, matrice d’un parcours individuel, a suscité de nouvelles formes d’affirmation de soi, sous le regard de l’autre.

  1. Crouzet-Pavan Elisabeth. Les élites urbaines : aperçus problématiques (France, Angleterre, Italie), Les élites urbaines au Moyen Âge. Actes du XXVIIe congrès de la SHMESP (Rome, 23-25 mai 1996) Rome : École Française de Rome, 1997. pp. 9-28. (Publications de l’École française de Rome, 238) : www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_1997_act_238_1_5208 []
  2. Medieval Lives and the Historians, dir. N. Bulst, J ;-Ph. Genet, Kalamazoo, 1986 []

Medieval and Renaissant Self-Representation

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